Le mystère pascal, quel grand mystère ! Aucune fête ne baigne dans autant de lumière, de joie, d’espérance et de vie. Fêter Pâques, c’est fêter un nouveau départ vers une nouvelle histoire, vers une humanité nouvelle. La lumière qu’apporte cette fête des fêtes n’est pas seulement d’ordre intellectuel, elle est beaucoup plus que cela ; elle est d’ordre existentiel. C’est toute notre existence qui est concernée. Par le Christ ressuscité, nous savons que notre vie est entre les mains de Dieu. Finie l’angoisse de vivre. Pour nous chrétiens, tout est espérance, tout est amour, même la mort. « Car auprès de Dieu est la source de la vie ; par sa lumière nous voyons la lumière » (Ps 36,10). En cette année jubilaire, l’Eglise nous invite particulièrement à rester ancrés dans le Christ. Elle nous appelle à être témoins de la Résurrection pour que notre monde blessé ressuscite à la vraie vie.
Mystère pascal, un mystère de foi.
Le mystère pascal est le point de départ de toute foi ou de tout discours chrétien. Il est le cœur même de notre foi. C’est pourquoi, durant la nuit et le jour de Pâques, l’allégresse des baptisés fait monter vers Dieu la louange des peuples.
La lumière du cierge pascal qui illumine les ténèbres est communiquée à tous les fidèles (vigile pascale). La joie et l’exultation retentissent dans les « alléluia » sans fin répétés. Cette acclamation, qui signifie « louez Dieu », est le chant des croyants. Etymologiquement, Pâques signifie passage. Le chrétien est celui qui passe, avec le Christ, du désespoir à la joie, des ténèbres à la lumière, de la solitude à la communion, de la mort à la vie. Dans la théologie chrétienne, c’est la foi dans le mystère pascal qui permet la foi dans la résurrection de tout être humain.
Comme l’a écrit Saint-Exupéry dans son beau texte, le petit prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Avouons-le, ce sont les yeux du cœur qui fondent notre foi. L’événement pascal ne nous est accessible que par le témoignage des disciples du Christ et, de fait, nous renvoie sans cesse à l’Eglise, corps mystique du Christ. L’Eglise est le lieu où le mystère pascal se manifeste et s’actualise au long des siècles. Elle est le lieu où le Ressuscité se donne à rencontrer, où il est vivant et continue d’agir.
Le Christ est vivant dans son Eglise. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi n’est qu’une illusion et vous êtes encore dans vos péchés », nous dit Saint Paul (1 Co 15,17). La résurrection qui est le cœur de notre foi chrétienne est un évènement qui est irreprésentable. Suite aux disciples de Jésus qui l’ont vu vivant, après sa mort sur la croix, nous chrétiens, avons pour mission de dire au monde que l’Amour a vaincu la mort, la lumière a vaincu l’obscurité, Christ est ressuscité.
Mystère pascal, un mystère d’espérance
Par sa résurrection, le Christ a vaincu la mort. Le Crucifié du vendredi saint est devenu le Ressuscité de Pâques. Comme le dit la bénédiction solennelle de la veillée pascale, ils sont finis les temps de la passion. Nous marchons désormais avec le Christ dans la joie de savoir que les chaines qui nous gardaient esclaves ont été brisées et les charges qui pesaient sur nous ont été effacées. C’est une nouvelle vie, un nouveau départ pour chacun de nous.
Le mystère pascal concerne toute l’humanité, et les chrétiens sont invités à communiquer à tous leurs frères humains la joie et l’espérance de la résurrection. Pâques, c’est la certitude d’être aimés. C’est parce que le Fils de Dieu a souffert et est mort que la souffrance et la mort changent de sens pour nous les hommes. C’est parce que Jésus est vraiment et historiquement ressuscité que nous avons cette certitude que nous aussi, nous ressusciterons avec Lui, si nous mourrons avec Lui. Le sacrifice pascal de Jésus a eu lieu dans l’histoire de l’humanité, il y a plus de deux mille ans, mais la puissance de sa Pâque est aujourd’hui en chacun de nous. Cette puissance pascale se manifeste grâce à la force de notre témoignage de vie chrétienne. C’est pourquoi il nous est défendu d’être des morts, parce que Pâque vient faire de nous, des vivants d’amour, de joie et d’espérance. Espérer contre toute espérance
En cette année jubilaire placée sous le signe de l’espérance, nous sommes invités à prendre conscience que la raison d’être du chrétien, c’est de manifester par toute son existence, l’existence même du Christ, de rayonner la joie et l’amour même de Dieu. Avec le Christ ressuscité, Dieu nous restitue au projet de vie qu’il a forgé pour nous par-delà nos impasses. Les textes bibliques que la liturgie nous propose pour fêter la résurrection du Christ confortent notre foi et nous amènent à refuser toutes fatalités : fatalité des conflits, fatalité du mal, fatalité de la souffrance, fatalité de la haine, fatalité de l’égoïsme, …
Si nous posons un regard lucide sur notre monde, la mort et les menaces de mort sont alarmantes. Mais le message de la résurrection se présente comme une protestation qui nous appelle à choisir la vie envers et contre tout. C’est vrai qu’on a l’impression que des hommes et des femmes de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes se font harponner par des tentacules des faux dieux.
Mais ces ténèbres ne doivent pas nous faire peur. Face à la prétention de la mort qui croit toujours avoir le dernier mot, la fête de Pâque nous rappelle que la vie est plus forte que la mort. Les souffrances que chacun endure, si importantes et si douloureuses soient-elles, ne sauraient être la fin de tout. L’avenir appartient à la vie. Et, face à la tentation du fatalisme qui nous condamne d’avance à des lendemains sans horizon, le mystère pascal nous mène à travers des chemins nouveaux de joie et d’espérance pour que notre monde triste et en désespérance puisse rencontrer des témoins. Forts de cette assurance, pendant cette année jubilaire, quels pèlerins d’espérance sommes-nous pour nos frères et sœurs ?